Expositions

Été 2023 ; immersion poétique

Depuis deux ans, je parcours le Québec en recherche d’inspiration et j’en suis venue à m’inspirer auprès de vos mères bien-aimées. 

En fait, je voulais offrir une douce poésie à nos mères. 

C’est plutôt un slang québécois qui m’a répondu ; quoi qu’il y est quelque chose de très poétique dans ce langage-là aussi. 

Bref. 

Beaucoup de colère dans votre poésie accrue, 

beaucoup de colères pour vos propres mères.

Alors je leur ai demandé, à notre peuple effronté : 

Pourrais-tu me dire qu’est-ce que ta mère t’inspire ?  

Comme un bon québécois-née, ils n’ont pas compris mon français bien parlé. Alors, j’ai reformulé : 

Elle.t’inspire.quoi.ta.mère?

Bien articuler, sagesse et patience sont de mises pour apprendre à l’enfant comment parler. 

Et les voici leurs réponses évasées, la première étant Seigneur; puis ses yeux se sont envolés. Noah a enchaîné c’est la terreur qu’elle vient m’inspirer, la terreur ou la liberté, j’pourrais pas trancher. 

Et la patience est venue avec la confiance puis la persévérance et finalement, la dépendance pour ceux qui n’ont pas été allaités. 

Certains m’ont nommé la naïveté, d’autre la fragilité et bien sûr la beauté, car entre vous et moi, elles sont belles ces femmes qui nous ont porté. 

Puis les québécois ont continué : Ma mère ? Men, fuck, yo. J’dirais la force. 

Et finalement, l’artiste dans notre pays-née est arrivé avec puissance : Si le patriarcat était féminin ce serait ma mère. 

…Si le patriarcat était féminin ce serait ma mère… 

Vous savez qu’il-y-a un mot pour ça ? Le matriarcat en bon parlé. D’ailleurs, c’est la première forme d’organisation sociale d’une civilisation mais ça, j’penses qu’ils ont tenté de nous l’faire oublier. Faudrait surtout pas se rappeller que ça allait mieux quand les femmes étaient meneuses. 

Bref. 

Pour certains elles vous inspirent à être ou à ne pas être, elles vous inspirent à vivre, à rire et pour d’autres, la réponse était : J’ai pas d’mère, c’est quand-même bad. 

Et pour d’autres la réponse était : J’sais pas, j’ai été adopté ; ou encore : à m’donne envie d’me suicider. 

J’ai aussi entendu : Ma mère st’une avarde à qui j’ai souhaité de mourir dans sa marde. 

Je n’ai pas osé lui avouer que avare est un adjectif qui ne se conjugue pas au féminin… comprenez-moi ; tant de haïne… je ne voulais pas recevoir la même malédiction d’marde. 

Et pour d’autres la réponse était : Ma mère a été tuée, c’est mon père qui conduisait en état d'ébriété. Honte-à-lui ! il s’en est sorti. Elle avait 6 ans et trente ans plus tard elle n’a jamais plus pleuré. 

Un silence je lui ai accordé et un silence j’aimerais vous demander ; un silence pour toutes ces mères mals-aimées mais surtout, pour celles qui ont décidé de vous aimer malgré vos comportements effrontés. 

Donc, lorsqu’ils m’ont demandé en retour : Et toi, elle t’inspire quoi ta mère ? ; Lasse d’entendre des réponses blasées et désespérées, je n’ai pas voulu leur avouer qu’elle m’avait abandonné et-de-toute-façon, la mienne, je l’ai pardonnée pour ses péchés alors voici ce que j’ai récité : Ma mère m’inspire la terre puis la mer, lorsqu,elle vous berce et vous porte. Elle m’inspire les fleurs et les racines, la lavande et la campagne, la vieille sorcière-chamane et une claque au visage car en tout temps, mère-nature elle reprend. 

Ma mère m’inspire tout ce que je suis mais des fois, 

je m’haïs aussi. 

Donc je respire, 

et je me rappelle que nos mères sont elles aussi des créatures blessées, qu’il faut les aimer, apprendre à pardonner, accueillir leur vérité, pour pouvoir s’en dissocier.

EXPOSITION COLLABORATIVE

- Béatrix

- Darko P.

- Émile

- Jordan P.

- Kassandra C.

-Maud B.

- Nathalie Duquette

- Rizlane

- Sarah Maq

- Tristan